Champ lexical d'abréger
L'adjectif abrégé, abrégée, signifie diminué(e), rapetissé(e) ; dense pour une forme d'expression écrite ou orale. L'expression en abrégé signifie en peu de mots. Un abrégé est une représentation en raccourci ; un ouvrage présentant en raccourci ce que l'on sait du monde, d'une religion, d'un domaine précis du savoir ou de la technique ; un mécanisme de l'orgue ; une partie de la mécanique utilisée dans les beffrois avec carillon. Ce nom issu du participe passé d'abréger, n'a gardé le sens « abréviation » que dans l'expression figée écrire en abrégé.
L'adjectif abrégeable indique ce qui peut être abrégé, réduit. On a lu abrégément, d'une manière abrégée.
Un abrègement ou abrégement est l'action d'abréger. En droit féodal, c'était l'action d'abréger un fief, de diminuer les services qui lui étaient attachés.
Le verbe abréger signifie rendre plus court, ou faire court, s'exprimer en peu de mots. Ce verbe vient du bas latin (surtout du latin chrétien) abbrĕviare. Il a été concurrencé par le doublet savant abrévier. Il n'apparaît au sens « rédiger un texte (de loi) à partir d'éléments divers et antérieurs, en les ordonnant, au besoin en les réduisant » qu'à l'époque médiévale. C'est une spécialisation de sens par le français juridique ; le latin médiéval abbreviare ne connait pas cet emploi, il a seulement connu le sens de « diminuer par affaiblissement ». Les acceptions « rendre bref, plus court, réduire la durée ou l'étendue » et « faire court, s'exprimer en peu de mots » sont stables depuis le 12ème siècle. Au Moyen Âge, abréger avait fini par signifier « écrire » « rédiger » : le Moyen Âge voyant dans la concision (brevitas) une qualité stylistique. D'où le passage de l'idée de bon « abréviateur » à celle de bon « rédacteur », et le passage du sens de « abréger » au sens de « rédiger ». Le latin breve avait donné l'ancien français brief « note de synthèse, petit document récapitulatif, lettre, chronique, registre à inscrire les droits, etc. », d'où les deux composés synonymes abriever (abrévier) et embriever « mettre par écrit, rédiger ». On note aussi en droit féodal, le sens « diminuer la valeur ou les services d'un fief ».
j'abrège, tu abrèges, il abrège, nous abrégeons, vous abrégez, ils abrègent ;
j'abrégeais ; j'abrégeai ; j'abrègerai ou abrégerai ; j'abrègerais ou abrégerais ;
j'ai abrégé ; j'avais abrégé ; j'eus abrégé ; j'aurai abrégé ; j'aurais abrégé ;
que j'abrège, que tu abrèges, qu'il abrège, que nous abrégions, que vous abrégiez, qu'ils abrègent ;
que j'abrégeasse, qu'il abrégeât, que nous abrégeassions ; que j'aie abrégé ; que j'eusse abrégé ;
abrège, abrégeons, abrégez ; aie abrégé, ayons abrégé, ayez abrégé ;
(en) abrégeant.
Le nom (un) épitomé ou épitome (un abrégé d'un livre, d'une histoire ; plus particulièrement un précis d'histoire) est emprunté au latin classique epitome, du grec ε ̓ π ι τ ο μ η ́ « abrégé ».
L'adjectif abréviateur, abréviatrice, indique ce qui abrège, réduit, simplifie.
Une abréviatrice, un abréviateur sont une autrice, un auteur de la version abrégée d'un ouvrage ; une, un secrétaire chargé(e) de la rédaction ou de la collation et de l'expédition de certaines bulles et lettres pontificales. Ce mot est emprunté au latin abbreviator « rédacteur de la version abrégée d'une œuvre », le sens « officier de la chancellerie pontificale chargé de rédiger les minutes des lettres pontificales » est emprunté au latin médiéval, d'où « notaire, secrétaire chargé de rédiger la minute d'un jugement », un terme de diplomatique qui n'a pas d'équivalent en latin médiéval.
L'adjectif abréviatif, abréviative, indique ce qui recourt à l'abréviation. L'adverbe abréviativement signifie sous forme abrégée, par abréviation.
Une abréviation est l'action d'abréger ; un procédé par lequel on obtient une représentation graphique tronquée, mais suffisamment claire, d'un signe plus long ; une représentation ou un signe obtenu par abréviation. Ce nom est emprunté au latin chrétien abbreviatio attesté au sens « version abrégée d'un écrit » depuis le 4ème siècle ; à remarquer que abbreviatio désigne depuis 1200 le procédé stylistique très en faveur au Moyen Âge consistant à rédiger la version abrégée d'un écrit (opposé à la dilatatio). Le sens « action d'abréger » est en latin médiéval un élargissement du sens initial.
Une abréviature est une réduction graphique d'un mot par emploi de signe(s) ou lettre(s) représentant le mot ou une partie du mot.
L'adjectif abrévié, abréviée, indiquait ce qui est écrit en signes abréviatifs. Le verbe abrévier signifiait abréger. Les mots abrégé et abréger se sont substitués à abrévié, abrévier.
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