Champ lexical d'abattre
Le verbe abat-carrer signifie utiliser un abat-carre pour adoucir les arêtes du cuir.
Les abat-carres sont des gouges de différentes tailles généralement serties dans un manche en bois. La partie aiguisé de la gouge qui coupera le cuir est appelée chanfrein. On peut ainsi trouver un abat-carre fixe, c'est à dire une gouge emmanchée ou un abat-carre multiple appelé également abat-carre 5 en 1, un manche et différentes gouges qui se fixent généralement par serrage d'un mandrin. En savoir plus : crea-cuir.com.
Le nom (une) abat-chauvée (au pluriel : des abat-chauvées), une laine de basse qualité, est composé d'abat (abattre) et de chauvée, un dérivé de formation obscure, peut-être de chaux avec l'influence du latin calvus, ou à partir des formes dialectales de chaux.
Pour une abatée, voir : abattée (ci-dessous).
Un abat-faim était un plat de résistance servi au commencement d'un repas. Le pluriel recommandé est des abat-faims, anciennement : des abat-faim. Ce nom est composé avec une forme du verbe abattre.
Un abat-feuille (au pluriel : des abat-feuilles) est un dispositif destiné à maintenir la feuille sur le cylindre de la presse d'imprimerie. Ce nom est composé avec une forme du verbe abattre.
Un abat-flanc, une forme dialectale pour bat-flanc, est une planche suspendue verticalement par des cordes à une certaine hauteur au-dessus du sol d'une écurie et qui sépare deux chevaux. Le pluriel est des abat-flancs.
Un abat-foin est une trappe permettant de faire tomber directement le foin du grenier. Le pluriel est des abat-foins. Ce nom est composé avec une forme du verbe abattre.
On a lu des abatis pour des abattis (ci-dessous).
On a lu une abat-joue pour une abajoue (ci-dessus) par étymologie populaire.
Un abat-jour désigne un dispositif destiné à rabattre la lumière d'une lampe ; une visière ; un casque colonial ; une ouverture percée obliquement dans un mur pour donner à un lieu plus de lumière ; un volet incliné ou une persienne servant à masquer cette ouverture ou à la protéger contre le soleil. Ce nom est composé avec une forme du verbe abattre. Son pluriel est des abat-jours.
Le nom argotique (un) abat-relui ou abat-reluit, un abat-jour pour vieillards, est composé d'abat (abattre) au sens propre et de relui, un terme d'argot attesté depuis 1800 au sens « jour », du participe passé de reluire.
Des abats sont des parties accessoires d'animaux tués pour la consommation. Voir : abat, abattage, abattis.
Un abat-son est un ensemble de lames insérées dans les baies d'un clocher pour rabattre le son vers le sol.
Le pluriel est des abat-sons. Ce terme technique d'architecture, monosémantique, apparait au 19ème siècle : une certaine confusion existe alors entre abat-son et abat-vent qui tendent à se différencier à l'époque contemporaine, chaque terme retrouvant son sens étymologique, abat-vent étant plutôt associé à l'idée d'intempérie, et abat-son aux phénomènes sonores.
Si chacun se souvient de la menace "Numérote tes abattis !", il peut y avoir une hésitation entre les graphies abattis et abatis ou abattée et abatée, en raison de la préférence élitiste pour les complications. L'évidence est maintenant de les écrire comme abattre. Pour les autres mots dérivés, la question ne se pose plus. La graphie abattre ne s'est imposée définitivement qu'à partir du dictionnaire de l'Académie française de 1740. Mais on la rencontre déjà dans des exemples du 14ème et du 16ème siècles. À son entrée dans la langue, le mot apparait sous la forme abatre. Au 16ème siècle, il y a prédominance des formes avec redoublement de consonnes : abbatre. La graphie étymologique abbattre figure en vedette dans les dictionnaires de Nicot (1606) et de l'Académie française (1694 et 1718). Au 17ème siècle, il y a un retour vers les formes sans redoublement de consonnes : abatre. Le nom (une) abattée s'est écrit ainsi dès son entrée dans la langue à la fin du 17ème siècle. Cette graphie a néanmoins été concurrencée jusqu'au 20ème siècle par la forme abatée. Le nom (un) abattage s'est écrit abatage jusqu'au 19ème siècle. Si la graphie d'un abattoir date d'il y a deux cents ans, celle d'un abattant ne s'est imposée qu'en 1932.
L'adjectif abattable qualifie ce qui peut être abattu.
Un abattage est l'action de faire tomber ou l'action d'abattre un animal, de le tuer. Pour les autres sens, voir : CNRTL.
Une tablette abattante peut être abaissée. Un abattant est un objet qui peut se rabattre, une pièce d'un meuble ou d'un siège que l'on peut abaisser et lever à volonté, la pièce du métier à bas qui fait descendre les platines à plomb, un rabat quelconque. Une abattante, un abattant sont les ouvriers qui abattent la roche.
Une abattée ou abatée est le mouvement de la proue d'un navire dont la ligne s'éloigne du lit du vent, de la direction du vent, ou une chute en piqué à la suite d'une perte de vitesse qui rompt l'équilibre horizontal de l'avion. Ce nom est dérivé d'abattre, un terme maritime, « s'écarter du rumb ou de la direction du vent qui doit régler la conduite du vaisseau ».
Un abattement est l'action d'abattre ; le résultat de l'action d'abattre ; un abattage, l'action de faire tomber ; un retranchement, une réduction d'une somme d'argent ; une diminution des forces physiques ou morales. C'est le seul dérivé d'abattre ayant conservé la notion de réduction (C'est rarement les abattements qui causent l'abattement d'un contribuable).
Une abatteuse, un abatteur sont celle, celui qui abattent quelque chose ou un animal.
un abattis ou abatis est l'action d'abattre ; ce qui est abattu ; un ensemble d’arbres abattus et laissés sur place après la coupe ; au Canada, dans les régions en voie de défrichement, un terrain qui n'est pas encore complètement essouché ; un obstacle artificiel formé d'arbres abattus ; un sentier frayé par les fauves passant régulièrement par le même endroit ; un amoncellement d'objets abattus.
Des abattis ou abatis sont des abats, particulièrement de volailles, d'où, familièrement, les bras et les jambes. L'expression numérote tes abattis ! incite à être sur ses gardes contre les coups de son adversaire notamment au moment d'engager la lutte, comme si on risquait de ne pas retrouver, après le combat, la disposition de ses membres.
Un abattoir est un établissement d'abattage des animaux destinés à la consommation. Les sens figurés sont nombreux : un lieu où sont massacrés des êtres humains ; un lieu où sont massacrées des opinions, etc. ; un tribunal correctionnel où les sentences sont rendues sans véritable débat ; une guillotine ; une cellule ou un cachot des condamnés à mort ; un atelier ou une usine, où les ouvriers sont surveillés comme dans une cellule de condamnés à mort ; un lieu de rendez-vous suspects.
Le verbe abattre une chose, un animal, une personne signifie provoquer la chute et/ou la destruction (ou la mort) d'un être animé ou inanimé. Employé au sens propre, abattre figure fréquemment dans des récits réalistes ou dans la littérature policière où il prend une coloration fortement péjorative : abattre ne signifie plus seulement tuer, mais tuer froidement, voire lâchement. Au sens figuré, abattre une personne signifie la priver brusquement quelqu'un des forces physiques ou morales, sous l'action d'une violente contrariété, ou lui faire perdre le courage, l'énergie, etc. L'expression se laisser abattre correspond à perdre le courage, l'énergie, etc. S'abattre (sur) indique que quelque chose tombe brusquement ou perd sa position verticale, sous l'effet d'une force ou d'un choc violents. Au sens figuré s'abattre sur signifie tomber brusquement et violemment sur un être (animé) de manière à le priver de ses forces ou de sa vie. Ce verbe est emprunté au latin abbattere (en bas latin : abbattuere), seulement depuis le 6ème siècle, « faire tomber, détacher (de quelque chose) » mais d'autres langues attestent son existence antérieure. Le verbe battre est emprunté au latin battĕre, de battuĕre « frapper le visage de quelqu'un ». Le verbe rabattre est formé avec le préfixe intensif re-.
Synonymes d'abattre :
• abaisser, renverser, culbuter, défaire, étendre, rabattre, rabaisser, aplatir, baisser, coucher, faire tomber, détacher, affaisser, étaler, crouler ;
• anéantir, détruire, briser, écraser, démolir, terrasser, vaincre, enfoncer, couper, consumer, miner, démanteler, vider, triompher, réduire, faucher, raser, tirer, annihiler, frapper, jeter à bas, liquider, trancher, démonter, déraciner, scier, déconstruire ;
• accabler, fatiguer, ruiner, épuiser, affaiblir, diminuer, déprimer, assommer, décourager, saper, confondre, désespérer, atterrer, consterner, bouleverser, lasser, précipiter, ébranler, faire cesser, broyer, atteindre, affliger, flétrir, désoler, démoraliser, écœurer, catastropher, mater, déshonorer, dompter, supplicier, disqualifier, contrarier, calamiter, alanguir, émousser ;
• tuer, foudroyer, supprimer, exécuter, assassiner, achever, égorger, décapiter, éliminer, saigner, massacrer, descendre, mettre à mort, mettre à bas, régler son compte, brûler la cervelle.
Emplois techniques :
• (architecture) abattre les angles d'une construction : les arrondir. D'où : abattre les angles, supprimer les excès.
• (armurerie) abattre le chien d'un fusil
• (bonnetterie) abattre l'ouvrage : faire descendre sous les aiguilles du métier les anciennes boucles qui ont passé par-dessus leurs becs.
• (carterie) abattre : étendre les paquets composés d'étresses.
• (céramique) abattre les sutures : les enlever.
• (chapellerie) abattre un chapeau : aplatir les bords et le dessus de la forme d'un chapeau.
• (chirurgie) abattre la cataracte.
• (coiffure) abattre la barbe de quelqu'un.
• (art culinaire) abattre les bouillons d'un liquide en ébullition : faire tomber les bouillons d'un liquide en ébullition en versant dessus de l'eau froide.
• (fauconnerie) abattre un oiseau : l'immobiliser en le couchant sur le côté pour le soigner.
• (jeu de quilles) abattre des quilles : les faire tomber.
• (jeu de cartes) abattre ses cartes : les abaisser avec vivacité sur la table pour les montrer et indiquer par là qu'on a gagné sans jouer. D'où : abattre ses cartes, abattre son jeu, montrer son jeu, manifester explicitement ses intentions sur un ton généralement agressif.
• (jeu de tric-trac) abattre du bois : jouer beaucoup de dames de la pile afin de caser (c'est-à-dire placer deux dames dans une case) plus aisément.
• (équitation) abattre l'eau d'un cheval : essuyer un cheval lorsqu'il sort de l'eau ou lorsqu'il est en sueur. D'où : s'abattre l'eau : s'essuyer.
• (manutention) abattre : peser sur un levier pour faire faire un tour au treuil.
• (maréchalerie) abattre le pied : enlever de la corne au sabot du cheval.
• (marine) abattre : se dit d'un bâtiment qui tourne sur lui-même autour d'un axe vertical.
• abattre en carène : se dit d'un navire qui est couché sur le côté pour être réparé.
• (météorologie) abattre le vent, la poussière : (en parlant de la pluie) faire tomber le vent, diminuer la force du vent, l'épaisseur de la poussière.
• (minéralogie) abattre du minerai, de la houille : le, la détacher de la paroi.
• (police sanitaire) abattre un animal : le tuer.
• (tannerie et corroierie) abattre les peaux : les pénétrer d'eau.
• abattre les cuirs : dépouiller les animaux tués.
• abattre la laine : faire tomber la laine des peaux de mouton.
• (teinturerie) abattre le bain ou le bouillon : rafraichir un bain avec de l'eau fraiche, avant d'y plonger l'étoffe ou l'écheveau.
• (typographie et imprimerie) abattre la forme, la frisquette, le tympan : les abaisser rapidement.
• (art vétérinaire) abattre un cheval : renverser un cheval sur le côté pour lui faire quelque opération.
• Pour des sens techniques plus anciens, voir : CNRTL.
Expressions familières, argotiques, proverbiales :
• abattre (bien) du bois : expédier beaucoup d'affaires en peu de temps.
• abattre de la besogne, abattre de l'ouvrage, abattre du chemin : travailler (trop) rapidement.
• abattre du chemin : avancer rapidement.
• abattre le brouillard : s'éclaircir la vue le matin en buvant.
• abattre : faire des dettes.
• Petite pluie abat grand vent : peu de choses suffit pour calmer une grande querelle (par analogie avec "la pluie abat le vent, la poussière").
j'abats, tu abats, il abat, nous abattons, vous abattez, ils abattent ;
j'abattais ; j'abattis ; j'abattrai, j'abattrais ;
j'ai abattu ; j'avais abattu ; j'eus abattu ; j'aurai abattu ; j'aurais abattu ;
que j'abatte, que tu abattes, qu'il abatte, que nous abattions, que vous abattiez, qu'ils abattent ;
que j'abattisse, qu'il abattît, que nous abattissions ; que j'aie abattu ; que j'eusse abattu ;
abats, abattons, abattez ; aie abattu, ayons abattu, ayez abattu ;
(en) abattant.
je m'abats, tu t'abats, il s'abat, nous nous abattons, vous vous abattez, ils s'abattent ;
je m'abattais ; je m'abattis ; je m'abattrai, je m'abattrais ;
je me suis abattu(e) ; je m'étais abattu(e) ; je me fus abattu(e) ; je me serai abattu(e) ; je me serais abattu(e) ;
que je m'abatte, que tu t'abattes, qu'il s'abatte, que nous nous abattions, que vous vous abattiez, qu'ils s'abattent ;
que je m'abattisse, qu'il s'abattît, que nous nous abattissions ; que je me sois abattu(e) ; que je me fusse abattu(e) ;
abats-toi, abattons-nous, abattez-vous ; sois abattu(e), soyons abattues, soyons abattus, soyez abattu(e)(es)(s) ;
(en) s'abattant.
L'adjectif abattu, abattue, signifie abaissé(e), affaissé(e) ou privé(e) de ses forces physiques ou morales. L'expression à bride abattue, avec la bride retombée sur le cou du cheval, signifie très vite. La position à l'abattu est relative au chien de fusil. Une abattue est la retombée d'une voute ; dans les salines, le travail d'une chaudière pleine d'eau salée, depuis le moment où on la met au feu jusqu'à celui où on la laisse reposer ; l'action d'un vaisseau qui suit la direction du vent en se retournant.
Le nom (une) abatture « action d'abattre », attesté depuis le 14ème siècle, a resurgi comme terme technique des Eaux et Forêts au 19ème siècle : "Vieux mot qui s'est dit pour abattis, action d'abattre. Action d'abattre les fruits des arbres et particulièrement les glands". Des abattures, à la chasse à courre, sont les traces laissées par le grand gibier qui abat les broussailles par son ventre. Ce sens est attesté depuis le 16ème siècle.
Un abat-vent est un dispositif destiné à protéger des intempéries les fenêtres, les cheminées, les plantations horticoles, ou une espèce d'auvent, servant aussi à rabattre le son des cloches. Le pluriel est des abat-vents. Ce terme technique d'architecture est apparu au 14ème siècle : au 19ème siècle, une certaine confusion existe alors entre abat-son et abat-vent qui tendent à se différencier à l'époque contemporaine, chaque terme retrouvant son sens étymologique, abat-vent étant plutôt associé à l'idée d'intempérie, et abat-son aux phénomènes sonores.
Un abat-voix est un dais placé au-dessus d'une chaire d'église et facilitant l'audition du prédicateur. Le pluriel est des abat-voix. Ce nom est composé avec une forme du verbe abattre.
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