Champ lexical d'abeille

 A. Un abeillage ou aboilage était un droit seigneurial sur les abeilles et leurs productions. Le nom (un) aboilage est dérivé de aboille (une forme régionale d'abeille).

B. Un abeillage est une apiculture, un élevage des abeilles ; un abeillon, un essaim d'abeilles.

Un abeillaud [en anglais : drone] est un faux-bourdon, le mâle des abeilles domestiques.

Une abeille est un nom usuel d'un insecte hyménoptère apocrite aculéate (porte-aiguillon) de la famille des apidés, produisant du miel et de la cire et vivant en société (on lit aussi une mouche à miel, une mouchette, une avette) ; un nom usuel donné à tous les insectes appartenant à la super-famille des apoïdes ; ce qui en a la forme. Ce nom est emprunté à l'ancien provençal abelha, du latin apicula.

 Avant d’entrer dans le vif du sujet, précisons d’abord ce que nous entendons par abeilles. Pour le grand public, abeilles équivaut en fait à l’abeille domestique ou abeille à miel (Apis mellifera). Mais, en fait, elle est une espèce particulière, dans l’ordre des hyménoptères, devenue semi-domestique, parmi les milliers d’autres (entre 5 et 6000 dans le monde) que compte sa famille les apidés. Or, une majorité de ces dernières, les « autres » abeilles, fonctionnent de la même manière que l’abeille domestique et sont susceptibles tout autant d’assurer le service de pollinisation des plantes à fleurs.

 Parmi elles figurent : les bourdons, les xylocopes ou abeilles charpentières et l’immense groupe des abeilles dites solitaires ; parmi ces dernières, on trouve une foule de genres : osmies, andrènes, halictes, mégachiles, anthophores, collètes, mélittes, anthidies, sphécodes,… Soit des centaines d’espèces rien qu’en France.

 Extrait de Les abeilles sauvages bien plus efficaces que les domestiques dans les vergers de pommiers (Zoom nature). Voir aussi : Des abeilles très sélectives au printemps (Zoom nature) ; Abeilles solitaires : les « autres » abeilles (Zoom nature) ; Guêpes : pourquoi tant de haines ? (Zoom nature).


 Jusqu’au 18ème siècle, on ne connaissait guère d’autre moyen de sucrer les aliments que d’y mettre du miel ; le sucre était fort rare et fort cher. De là la place importante qu’a occupée de tout temps l’élevage des abeilles : Virgile y a consacré le IVe livre de ses Géorgiques, et cet art est assurément un des mieux connus parmi ceux que les Anciens ont pratiqués. L’abeille s’appelait en latin apis ; ce mot, qui a été repris sous sa forme latine dans des noms composés récents (apiculture, apiculteur, apicole), a donné en français, par voie populaire, un mot extrêmement court : au singulier ef, au pluriel ès. Ces formes (réduites à é dans la prononciation) se rencontrent sporadiquement dans la littérature jusqu’au début du XVIe siècle. Elles ne survivent plus que dans quelques patois. Réduit à une voyelle, ce mot n’a eu qu’une vie très précaire, et on a éprouvé le besoin de le remplacer par des termes plus amples. D’une façon générale, on a remplacé ef par mouche. Mais il a fallu préciser, de là des mots composés singuliers, tels que mouche-ép, « mouche-guêpe », qui est devenu mouchette. Mais c’était tomber de Charybde en Scylla, car une abeille, loin de ressembler à une petite mouche, est plus grosse qu’une mouche commune. Finalement, on s’est tiré de la difficulté en créant le composé mouche à miel. En savoir plus : Georges Gougenheim.

Un objet abeillé, un vêtement abeillé sont garnis d'abeilles, de points d'arrêt en forme d'abeille stylisée ou de broderie plate, faite avec un cordonnet de soie dont la forme et la disposition donnent l'aspect schématique de l'abeille.

On lit un abeiller ou abeillier pour un rucher, l'industrie abeillère, relative aux abeilles, un abeillon pour un essaim d'abeilles. 

Un nida ou nid-d'abeilles est un matériau ayant une structure similaire aux alvéoles. Un nid-d'abeilles est aussi un ornement en broderie ou un tissu avec des alvéoles légèrement en relief.

Champ lexical :

    • abeille à miel, abeille mellifique, abeille commune, Apis mellifera, Apis cerana, mouche à miel (familier), mélipone ; 

    • abeille à culotte, abeille à longues antennes, abeille à membrane ou abeille cellophane, abeille charpentière, abeille cotonnière, abeille coucou, abeille d’eau, abeille de la sueur, abeille découpeuse, abeille des sables, abeille domestique, abeille fouisseuse, abeille inférieure, abeille maçonne, abeille mellifère, abeille noire, abeille sociale (ou grégaire), abeille solitaire, abeille supérieure, abeille tapissière, abeille tueuse, abeilles inférieures, abeilles supérieures ; 

    • mégachile, andrène, notonecte, cuculines ; 

    • reine, ouvrière, faux bourdon, essaim, jet, jetée, colonie, ventileuse, larve, couvain ; 

    • jabot, brosse, dard, aiguillon, venin ; 

    • bourdonnement, essaimage, essaimement, eusocialité, nid d’abeilles, pollinisation, trophallaxie ; 

    • gelée royale, nectar des fleurs, miel, miellat, royalactine ; 

    • butiner, bourdonner, essaimer, jeter, polliniser, enfumer ; 

    • mellifère, mellifique, apicole, hétérogyne, apifuge, xylocope, apivore  ; 

    • miel, cire d’abeille, pollen, gelée royale, propolis, venin, alvéole, opercule, rayon, gâteau ; 

    • apithérapie, apiphobie, piqûre, allergie, choc anaphylactique ; 

    • ...

Le nom (une) mélitte (une plante) est emprunté au latin scientifique melittis melissophyllum, en grec attique μ ε ́ λ ι τ τ α « abeille ».

Avette est une forme régionale ou vieillie d’abeille. Ces deux noms sont issus de diminutifs de apis, le nom latin de cet insecte : avette est tiré de apitta et abeille de apicula. Si avette se lit encore chez Giono, ce nom fut surtout en vogue à la Renaissance. [...] L’importance du rôle économique de l’abeille et la manière dont on la nomme (son nom n’est pas tiré d’une racine indo-européenne unique) pourraient amener à penser qu’elle a été l’objet de ce qu’ethnologues et linguistes appellent un tabou linguistique. En savoir plus : Académie française.

Un exemple classique est celui du nom de « l’abeille ». En latin, le mot était semble-t-il ape (forme de l’accusatif sans -m, nominatif apis). Je dis “semble-t-il” parce que, de l’Antiquité latine, nous sont parvenus surtout des textes littéraires, même s’ils sont variés, et très peu de chose de la langue des paysans. Le terme apem est rare dans les sources écrites. En savoir plus : Les billets de François Jacquesson.

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