Champ lexical d'aboutir
Un about est l'extrémité d'une pièce de bois, de métal, préparée en vue d'un assemblage précis ; au Québec, c'est un espace résiduel entre deux rangs, résultant d'un découpage cadastral. Ce nom est dérivé d'abouter.
• L'expression avoir de bons abouts signifiait avoir du bon travail à faire.
• Une ouvrière, un ouvrier d'abouts sont chargés des travaux de réparation et d'entretien d'un puits (creusement des fosses, cuvelages et picotages).
• Un about d'ouvrage ou une devise d'about étaient une convention par laquelle une des parties s'obligeait à faire des constructions nouvelles sur son propre bien-fonds.
• L'expression mettre le demandeur en son about signifiait le mettre en possession d'un héritage sur lequel une rente lui est assignée.
Un aboutage est l'action d'abouter par un nœud les extrémités de deux cordages. Un aboutage ou aboutement, jointage, assemblage en bout est la technique d'assemblage qui consiste à joindre bout à bout plusieurs courtes pièces de bois afin de former une pièce plus longue. En anglais : end-to-end joining ; end-to-end jointing ; end joining ; end jointing (OQLF). Un aboutement est l'action d'abouter deux pièces de charpente, l'état de deux pièces aboutées, leur point de jonction. Ces noms sont dérivés d'abouter, avec les suffixes -age, -ment.
Des pièces (d'armoiries) aboutées :se répondent par les pointes. Des pièces de bois aboutées sont jointes bout à bout.
Le verbe abouter signifiait joindre, lier en joignant deux objets par leurs bouts ; mettre en rapport deux personnes ou deux groupes de personnes ; aboutir à ; mener jusqu'au bout ; tailler la vigne jusqu'au bout. S'abouter avec quelqu'un signifie se joindre à lui. Le verbe s'abouter signifiait aussi se joindre comme deux objets mis bout à bout. Selon les sens, ce verbe abouter est dérivé de boute « pousser », avec le préfixe a-, soit dérivé de bouter soit plus probablement dérivé de bout au sens de « limite » [un bien, une terre désignée par ses limites]. Du 12ème au 15ème siècles, abouter a de nombreux sens et connait une forte vitalité. Au 16ème siècle, il semble conserver une certaine importance dans le sens de « confiner à » ; il est alors concurrencé par aboutir. Par la suite, abouter disparait totalement des dictionnaires pour ne reparaitre qu'au cours du 19ème siècle surtout comme terme technique ; on remarque, à cette époque, la survivance de quelques sens anciens par l'intermédiaire de certains dialectes locaux, mais la vitalité du mot est très limitée.
Les verbes abuter et abouter sont très proches au point de vue sémantique et ont pris quelquefois des sens très voisins et même identiques, particulièrement dans l'ancienne langue.
Le mot aboté ou abotté (mal ajusté) vient du participe passé d'aboter, forme dialectale d'abouter.
Le verbe aboter (1) ou abotter (faire aboutir, en venir à bout) est une forme dialectale d'aboutir qui a pratiquement remplacé abouter.
Anciennement, le verbe aboutir signifiait en horticulture, pousser des boutons, et en médecine, venir à suppuration. L'adjectif abouti, aboutie, signifiait venu(e) à suppuration.
L'adjectif abouti signifie maintenant mené à son terme ; achevé, réussi, voisin de la perfection, contrairement à inabouti, qui n'a pas pu aboutir ; qui est inachevé.
Le verbe aboutir signifie arriver au bout, avoir une issue ; arriver à un résultat, achever, réussir ; en architecture, revêtir de minces feuilles de plomb ou de tout autre métal un ornement d'architecture ou de sculpture ; en hydraulique, raccorder un gros tuyau sur un petit, au moyen d'un collet ou tambour de plomb qui va en diminuant du gros au petit. Aboutir à, c'est se terminer dans ; arriver ; converger ; toucher le bout. Ce verbe est dérivé de bouter ou de bout selon les sens. En dehors de quelques sens spéciaux rapidement disparus, aboutir a connu une vitalité assez grande depuis son apparition : de la langue juridique (du 14ème au 16ème siècles), il passe au 16ème siècle dans la langue courante, au propre et au figuré et dans la langue technique. À la même époque, on constate de nombreuses interférences entre aboutir et le verbe très voisin abouter ; dans les deux verbes, on retrouve l'étymon bout au sens de « limite, extrémité »; d'où les sens de « confiner à, toucher à » et de « avoir pour but, pour résultat ». Mais abouter apparait le premier (milieu du 13ème siècle) avec ces deux sens, tandis que pour aboutir, le premier sens n'est attesté qu'au 14ème siècle, le second au 16ème siècle. Au 16ème siècle, et jusqu'au début du 17ème siècle ils coexistent mais abouter est progressivement remplacé par aboutir qui subsiste seul dans les dictionnaires jusqu'au 19ème siècle, l'époque où abouter ressurgit.
j'aboutis, tu aboutis, il aboutit, nous aboutissons, vous aboutissez, ils aboutissent ;
j'aboutissais ; j'aboutis ; j'aboutirai ; j'aboutirais ;
j'ai abouti ; j'avais abouti ; j'eus abouti ; j'aurai abouti ; j'aurais abouti ;
que j'aboutisse, que tu aboutisses, qu'il aboutisse, que nous aboutissions, que vous aboutissiez, qu'ils aboutissent ;
que j'aboutisse, qu'il aboutît, que nous aboutissions ; que j'aie abouti ; que j'eusse abouti ;
aboutis, aboutissons, aboutissez ; aie abouti, ayons abouti, ayez abouti ;
(en) aboutissant.
Un aboutissant est un aboutissement ; l'endroit où quelque chose, notamment un organe, aboutit ; un point d'aboutissement, un résultat, une conséquence. En droit, les aboutissants d'un fonds sont les fonds adjacents à ses petits côtés, par opposition aux tenants qui sont les fonds adjacents à ses grands côtés. D'où l'expression les tenants et les aboutissants : tout ce qui se rapporte étroitement à quelque chose ou à quelqu'un, notamment l'environnement d'une situation, la signification d'une affaire.
Ce nom vient du participe présent d'aboutir. Ce terme juridique, attesté constamment depuis 1508, le plus souvent dans l'expression tenants et aboutissants. En outre, du sens initial de « limites » on est passé au 19ème siècle à celui de « endroit où quelque chose aboutit » (1805), où aboutissant est généralement employé seul et a perdu son caractère juridique ; il s'agit probablement d'une recréation du mot par mise en relation avec aboutir et aboutissement.
Un aboutissement était le commencement de la suppuration d'un abcès.
Un aboutissement est l'action d'aboutir ; le résultat de cette action ; une extrémité, un endroit où quelque chose, notamment un chemin, aboutit ; un objet situé à l'extrémité, l'extrémité d'un objet ; un terme auquel on aboutit, avec ou sans effort ; un résultat normal, attendu, d'un processus, avec, plus ou moins clairement suggérée, une idée d'accomplissement, de perfection, de réussite ; le fait d'obtenir un résultat ; le succès d'une entreprise. Ce nom est dérivé du participe présent d'aboutir, avec le suffixe -ement. Les interférences que l'on constate au Moyen Âge entre les sens d'abouter et d'aboutir se retrouvent au niveau de leurs dérivés about, aboutement, aboutissant et aboutissement. Dans ces quatre mots on retrouve le sens de « limite » : aboutement au 14ème siècle, about au 16ème siècle, aboutissant et aboutissement depuis le 16ème siècle. (à comparer avec les expressions tenants et abouts que l'on rencontre au Moyen Âge et tenants et aboutissants courante depuis le 16ème siècle). On remarque qu'au Moyen Âge about et aboutement occupent une place très importante. Mais de même qu'aboutir l'a emporté sur abouter, aboutissant et aboutissement surtout prennent, à partir du 16ème siècle, une importance de plus en plus grande tandis que about et aboutement ne conservent plus qu'une place restreinte dans certains domaines techniques.
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