Mots originaux commençant par A

Une abadie ou une abbadie, une, un abadis était un grand rassemblement de badauds, une foule, une multitude. Le signe d'Abadie est une analgésie avec pression indolore du tendon d’Achille, observée dans le tabès. Ce nom se rattache probablement aux représentants méridionaux du latin batare « être ouvert », en ancien provençal badar « être ouvert, s'ouvrir, ouvrir la bouche, regarder bouche bée » (voir : badaud), en franco-provençal abada « donner le large au bétail en le faisant sortir des étables pour le mener paitre » (voir : abader) avec le suffixe -is, -ie marquant une formation déviante et exprimant une idée de rassemblement, le premier avec une nuance péjorative. L'étymon italien ab(b)adia « abbaye » n'est pas acceptable, le sens de « foule » n'étant pas attesté en italien, ni même en provençal. 

 Le verbe abalober signifie étonner, ébahir, avec une nuance d'admiration plutôt que de crainte. Ce terme régional de l'Orléanais est un croisement de esbalobbé (le résultat de la contamination de l'ancien moyen français lober « séduire, tromper », et du type provençal esbalourdi, de même sens que le français abalourdi) et d'abalourdir, abasourdir ; du croisement de berlue avec esbalobé et abalobé sont respectivement issus élerlobé et aberlobé « étonné, ébahi » qui est aussi un terme régional de l'Orléanais.

Un abecquement ou abéchement est l'action d'abécquer ou d'abécher, de donner la becquée. Abecquer ou abéquer, abécher ou abicher, c'est pour un oiseau, donner la becquée à un oiseau trop jeune pour prendre lui-même sa nourriture ; en fauconnerie, donner à l'oiseau de proie une partie seulement de son pât ordinaire, afin de l'exciter à voler peu après ; porter la nourriture à la bouche de quelqu'un ; nourrir ; attirer, mettre en gout. Le verbe abecquer, dérivé de bec avec le préfixe -a, a suscité des emplois figurés. On a lu  s'abecquer pour se donner mutuellement la becquée. Le délit de voler à l'abéquage ou à l'abecquage est un vol dans la maison où l'on s'est engagé comme domestique. Une abecqueuse ou abéqueuse désigne une nourrice ; une maitresse d'hôtel ; une voleuse qui dévalise les magasins de nouveautés en se servant d'un enfant.

Le verbe abominer, avoir en horreur, en exécration, est emprunté au latin abominari « écarter comme un mauvais présage », un terme religieux, d'où : « s'écarter avec horreur, exécrer », un terme général, avec l'élargissement de sens en latin chrétien « rendre exécrable quelque chose de sacré, le rendre capable d'inspirer l'horreur » « le souiller » « le profaner ». La recherche d'un effet littéraire est peut-être à l'origine de la résurgence de ce terme du vieux français chez les auteurs du début du 19ème siècle. Sa résurgence et sa vitalité dans la langue actuelle ont été consacrées par son admission dans le dictionnaire de l'Académie française 1932-1935 (qui précise que le mot s'emploie surtout par exagération plaisante).

L'adjectif abstème qualifie une personne qui ne boit pas de vin. Une, un abstème est celle, celui qui ne consomme pas d'alcool. Ce mot vient du latin abstemius « qui s'abstient de boire du vin ». Ce terme religieux est devenu littéraire au 18ème siècle. Depuis le début du 20ème siècle, la plupart des lexicographes le signalent comme peu usité. 

Le nom anglais abstract attesté au sens de « résumé » a désigné une analyse succincte d'un ouvrage. Des abstracts étant un recueil d'analyses documentaires.

Le verbe abuter signifiait toucher par le bout ; viser un but ; en savoir plus : CNRTL. Ce verbe, qui connait un sémantisme riche et varié au Moyen Âge, s'appauvrit au cours des siècles et ne conserve aujourd'hui qu'un sens très restreint. Les nombreux sens se regroupent sous l'idée de but, terme, fin, extrémité et sous l'idée de contact (par une extrémité) et d'association, d'assemblage. Les verbes abuter (dérivé de but avec le préfixe a-) et abouter (dérivé de bouter ou de bout selon les sens, avec le préfixe a-) sont très proches au point de vue sémantique et ont pris quelquefois des sens très voisins et même identiques, particulièrement dans l'ancienne langue.

Les adjectifs acagnardée, acagnardé ou acagnardie, acagnardi qualifient quelqu'un qui est installé paresseusement dans une attitude rêveuse ; qui est assis dans une attitude rêveuse ; qui est installé dans une vie oisive. Au Québec, l'adjectif acagnardie, acagnardi signifie bourru, renfrogné, d'humeur difficile. 

Le verbe acagnarder signifie rendre cagnard, paresseux comme un chien ; accoutumer quelqu'un à une vie oisive ou libertine. S'acagnarder ou s'acagnardir, c'est cagnarder, fainéanter, s'installer de manière à mener une vie paresseuse. Le verbe acagnarder, formé sur l’adjectif ancien cagnard, signifiant « qui n’aime pas bouger, paresseux », est devenu rare dans son emploi transitif mais reste vivant à la forme pronominale. S’acagnarder, c’est rester oisif, paresser. On s’acagnarde volontiers auprès du feu, dans un confortable fauteuil. Académie française.

Une açainte d'une église est le bas-côté. Ce nom vient du féminin du participe passé de l'ancien français aceindre « cerner, rabattre le gibier », eu latin accingere, terme militaire « cerner, presser, attaquer » « entourer (un objet) » « se mettre en tenue » c'est à dire en retroussant et attachant le manteau à la ceinture.

L'adjectif acamandée, acamandé qualifiait celle qui était réduite à l'état de quémandeuse, mendiante ou gueuse, celui qui était réduit à l'état de quémandeur, mendiant ou gueux. Ce mot est peut-être dérivé du moyen français caïmand « mendiant », voir : CNRTL. 

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