Champ lexical d'absolu et d'absoudre
L'adjectif absolu, absolue, qualifie ce dont l'existence ou la réalisation ou la valeur est indépendante de toute condition de temps, d'espace, de connaissance, etc.; pour la manière d'exercer une autorité ou pour le caractère d'une personne, ce qui n'admet aucune limitation de son autorité dans son exercice ou ses manifestations ; ce qui est poussé jusqu'au paroxysme ; en savoir plus : CNRTL. Ce mot est emprunté au latin absolutus, du participe passé de absolvere, fréquemment en relation avec ratio, bonum, eloquentia, beneficium, et aussi philosophi, poetae ... L'ancien sens « qui est sanctifié par l'absolution » vient du participe passé adjectivé d'absoudre.
L'absolu est ce qui est considéré comme un idéal de perfection ou comme hors d'atteinte pour l'homme. Dans l'absolu signifie sans tenir compte des circonstances. Un absolu est ce qui est indépendant de toute condition et de toute chose. L'absolu est aussi une hypothèse alchimiste. Ce nom vient de l'ancien participe passé d'absoudre.
Une absoluité ou un absolutisme (1) sont, en philosophie, le caractère de ce qui est absolu.
L'adverbe absolument signifie tout-à-fait, totalement ; certainement ; nécessairement.
L'adjectif absoluteur, absolutrice, qualifie ce qui absout, ce qui efface une faute ou un délit. Une absolutrice, un absoluteur sont celle, celui qui absolvent, qui effacent une faute ou un délit. Ce mot, dérivé d'absolution avec le suffixe -eur, est en concurrence avec l'ancien adjectif absolutoire qui joue un rôle modeste mais précis et utile dans la langue.
L'adjectif absolutif, absolutive, utilisé en linguistique pour un adverbe ou un mode, est emprunté au latin absolutivus, un terme grammatical depuis le 4ème siècle au sens de « intransitif » et « adjectif au degré positif », peu attesté par rapport à absolutus, un terme grammatical, de même emploi, voir : absolu.
En théologie, une absolution est la sentence par laquelle le confesseur, dans le sacrement de pénitence, remet les péchés au pénitent ; une sentence ecclésiastique qui, revêtue de certains caractères et d'une certaine solennité, relève une personne de l'excommunication et des autres censures qu'elle avait pu encourir ; une courte prière qui termine chaque nocturne des matines et les heures canoniales. Une formule absolutionnelle, un geste absolutionnel ont valeur d'absolution.
Aux sens général et juridique, une absolution est l'effacement d'une faute dont on obtient le pardon, la rémission ; une décision de justice par laquelle un accusé est déclaré non punissable, bien que convaincu du fait qui lui est reproché ; un acquittement, une déclaration d'innocence.
Ce nom est emprunté au latin absolutio (dérivé de absolvere, absoudre) attesté au sens de « acquittement », spécialisé en latin chrétien au sens de « rémission des péchés ». Ce terme propre à deux langues spéciales (religieuse et juridique); n'est passé qu'assez tard dans la langue commune où il reste marqué par ses origines. Le nom (des) absolutions « encensements et aspersions d'eau bénite qu'on fait sur le corps des Princes et des Prélats qu'on enterre avec grande cérémonie » a été remplacé en ce sens, au 19ème siècle, par absoute. En droit canonique, on distingue quatre sortes d'absolutions temporelles. Pour le sens juridique, il est difficile de dire comment les spécialistes, les praticiens, comprenaient et utilisaient le terme, primitivement « acquittement », conformément au sens latin. Au 19ème siècle, on s'efforce de distinguer l'absolution de l'acquittement : l'accusé doit être absous lorsque le fait qu'on lui reproche n'est pas défendu par la loi pénale.
Le verbe absolutiser a signifié rendre absolu, vider une idée de tout ce qu'elle peut avoir de concret, de particulier, de relatif, de manière à l'élever à un très haut degré d'abstraction, de généralité. Ce verbe est dérivé du radical du latin absolutus (absolu), avec le suffixe -iser.
1. Une absoluité ou un absolutisme est en philosophie, le caractère de ce qui est absolu.
2. Un absolutisme est un système de gouvernement où le souverain possède une puissance de droit divin et sans limites constitutionnelles ; une manière d'être, d'agir ou de penser, intransigeante et/ou sans nuances ; le caractère de ce qui est intransigeant, inconditionnel, dénué du sens du relatif, etc. ; la métaphysique de l'absolu.
L'adjectif absolutiste indique que quelqu'un est attaché au système politique de l'absolutisme, que sa manière d'être et de penser ressemble à celle d'un souverain absolu.
Une, un absolutiste est une partisane, un partisan de l'absolutisme ; une personne dont la manière d'être et de penser ressemble à celle d'un souverain absolu.
Le nom (un) absolutisme est dérivé d'absolu, avec le suffixe -isme ; en philosophie, il est emprunté à l'anglais absolutism.
Une excuse absolutoire, une circonstance absolutoire aboutissent à l'impunité du délinquant, ou, tout au moins, à l'impossibilité de prononcer contre le délinquant absout une peine principale. Un bref absolutoire s'applique en droit ecclésiastique. Une sentence absolutoire, un jugement absolutoire absolvent absout de la peine. Cet adjectif est dérivé du radical du latin absolutus (voir : absolu), avec le suffixe -oire.
L'adjectif absolvant, absolvante, qualifie ce qui absout juridiquement, ce qui contribue à absoudre. Cet adjectif vient du participe présent d'absoudre.
Le verbe absoudre signifie pour un confesseur, remettre, au nom de Dieu, les péchés du pénitent par la formule et le geste de l'absolution ; pardonner les péchés, en parlant du jugement de Dieu après la mort ; pardonner, excuser, faire grâce, disculper ; déclarer innocent, acquitter ; renvoyer de l'accusation une personne coupable, mais dont le crime ou le délit n'est pas qualifié punissable par la loi. Ce verbe vient du latin absolvere « libérer (d'une obligation, d'une charge) » « libérer d'une accusation », spécialisé en latin chrétien au sens de « remettre les péchés ». Au 20ème siècle, la synonymie absoudre / acquitter est totale dans la langue commune, avec cependant, pour le premier, une certaine connotation religieuse.
j'absous, tu absous, il absout, nous absolvons, vous absolvez, ils absolvent ;
j'absolvais ; j'absolus ; j'absoudrai ; j'absoudrais ;
j'ai absout ; j'avais absout ; j'eus absout ; j'aurai absout ; j'aurais absout ;
que j'absolve, que tu absolves, qu’il absolve, que nous absolvions, que vous absolviez, qu’ils absolvent ;
que j'absolusse, qu’il absolût, que nous absolussions ; que j'aie absout ; que j'eusse absout ;
absous, absolvons, absolvez ; aie absout, ayons absout, ayez absout ;
(en) absolvant.
On peut continuer à écrire absous pour le participe passé.
Le verbe absoudre apparait au 10ème siècle à partir du latin absolvere « libérer d'une charge » d'où « libérer d'une accusation, d'un péché ». Du 11ème au 15ème siècles, on trouve deux radicaux différents, l'un conservant le préfixe latin ab-sol-, l'autre assimilant l'occlusive à la spirante : assol-.
Ce verbe présente aujourd'hui quatre radicaux différents : absou- aux trois premières personnes du présent, le participe passé (absous, absoute) où le d du radical disparaît ; absoud- pour l'infinitif et les temps formés sur lui, le futur et le conditionnel ; absolv- aux autres temps ; absol- au passé simple et à l'imparfait du subjonctif, j'absolus, j'absolusse.
En ancien français, on trouve plusieurs types de passé simple. La perte du passé simple a entraîné un alignement du participe passé sur les personnes les plus fréquentes du présent : absous au masculin singulier et pluriel, absoute au féminin. Toutefois, les rectifications orthographiques de 1990 proposent un alignement en dissout, dissoute, et de même pour les autres verbes en -soudre.
Il s'est produit au 16ème siècle une différenciation entre absous comme participe passé et absolu comme adjectif à partir du sens de parfait, complet, entier. Mais en ancien français, les deux formes sont concurrentes pour le verbe.
En savoir plus : site de Dominique Didier.
Une absoute est une absolution publique et solennelle qui, dans l'Église romaine, se donnait autrefois au peuple le Jeudi-Saint ou la veille du Jeudi-Saint ; une cérémonie faite notamment de prières terminant l'office des morts et se faisant autour du cercueil ou du catafalque, ou en dehors de l'office des morts (on lit des absoutes en Belgique). Ce nom vient de absolz, ancien participe passé d'absoudre. Absoute « absolution collective » attesté dans les dictionnaires à partir du 17ème siècle seulement a donc dû exister en même temps que absoute « absolution (individuelle) des péchés », disparu. Au 17ème siècle, absoute n'est plus défini que par « absolution collective », avec ou sans une valeur sacramentelle. Aux 19ème et 20ème siècles, les dictionnaires vont dans le même sens.
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