Champ lexical de beurre

 Au Québec, une beurrade est toute substance grasse étendue comme du beurre. Voir le Dictionnaire historique du français québécois. 

Un beurrage est l'action de beurrer ; l'aspect d'une peinture beurrée. Au Québec, un beurrage est l'action de recouvrir, d’enduire (le corps, une partie du corps) d’une substance grasse ou huileuse ; l'action ou la manière de maquiller, de se maquiller ; des produits servant au maquillage ; l'action de salir exagérément, en particulier la brimade que l’on inflige aux nouveaux arrivés (étudiants, sportifs, etc.) lors d’une cérémonie d’initiation en les recouvrant de substances dégoutantes ; le résultat de ces actes ; une flatterie ; un pot-de-vin.

Un beurre est une matière grasse alimentaire obtenue à partir du lait ; une matière grasse extraite de certains végétaux ; un composé chimique ; un sulfate hydraté d'alumine et de fer ; une butyrite, une résine fossile. Ce nom vient du latin bútyrum emprunté au grec β ο υ ́ τ ν ρ ο ν,  bouturon, proprement « fromage de vache ». La forme française beurre provient d'un dialecte de l'Est ou de l'Ouest. Voir butyr-. 

Au Québec, un beurre de ferme, d’habitant, de laiterie est fabriqué à la ferme, artisanalement. Un beurre de crèmerie, de beurrerie, de fabrique est fabriqué industriellement et destiné à la vente. En France, cette même distinction se fait entre beurre fermier et beurre laitier. Ce nom est utilisé pour désigner divers produits faciles à tartiner. Un beurre d’érable est le produit obtenu en brassant le sirop d’érable qui a d’abord été porté à un certain degré d’ébullition puis refroidi ; (aussi sous la variante beurre de sucre) un produit commercial à base de sucre aromatisé artificiellement à l’érable. Un beurre de caramel est un produit commercial au caramel. On lit aussi un beurre d’arachide(s), de peanut(s). En France, beurre peut s’employer pour désigner des substances grasses extraites de certains végétaux (beurre de cacao, beurre de coco, etc.).

Faire son beurre signifie faire des profits. Compter pour du beurre, c'est compter pour rien. Avoir un œil au beurre noir ou poché au beurre noir, c'est avoir un œil meurtri après un coup. 

Le Dictionnaire des belgicismes indique : battre le beurre (patauger dans ses réflexions, mal connaitre la question) ; être dans le beurre, avoir le cul dans le beurre (être dans l’aisance) ; être tombé dans l’assiette au beurre (avoir fait un riche mariage).

Expressions québécoises : 

    • Fondre, passer comme du beurre dans la poêle, c'est disparaitre rapidement (souvent en parlant d’argent). Passer comme du beurre dans la poêle, c'est passer facilement, rapidement, sans opposition. 

    • Passer, frapper dans le beurre, c'est rater la cible en exécutant un mouvement, manquer son coup (en frappant à côté de la balle, du clou, etc.) ; (plus largement) ne pas atteindre l’objectif visé. 

    • Tourner, virer dans le beurre, c'est, pour une vis, ne pas se fixer ; en parlant d’un mécanisme, d’un moteur, tourner à vide, sans qu’on puisse embrayer ; en parlant d’une roue de véhicule qui patine, ne pas avancer.

    • Parler dans le beurre, c'est parler dans le vide, ne pas être écouté.

    • Avoir les yeux dans le beurre, c'est avoir les yeux dans le vague, le regard absent ; avoir un regard qui trahit la fatigue, l’ivresse, un désir sexuel, etc.

    • Prendre quelque chose pour du bon beurre, c'est croire candidement ce qui est dit, faire preuve d’une confiance aveugle.

    • Prendre le beurre à poignée(s), c'est agir avec précipitation ; se montrer vorace, avide ; chercher à tout s’approprier ; manger avec une avidité grossière, sans se soucier des règles de la bienséance. 


L'adjectif beurré, beurrée, qualifie ce qui est recouvert d'une couche de beurre ; ce qui est enduit de beurre ou d'une substance pâteuse quelconque ; familièrement, quelqu'un qui est ivre. Un beurré est une poire fondante. Une beurrée est une tartine recouverte de beurre, voir le Dictionnaire des régionalismes de France ; c'est aussi une saoulerie, une beuverie. 

Au Québec, une tranche de pain beurrée, un morceau de pain beurré sont recouverts d’une couche de beurre ou d’une autre substance alimentaire. L'adjectif beurré, beurrée, qualifie quelqu'un qui est enduit, recouvert d’une substance grasse ou huileuse destinée à protéger, à guérir ; qui est maquillé de façon exagérée ou maladroite. La face beurrée, un mur beurré sont salis, tachés ; sont barbouillés. Une beurrée est une tranche de pain recouverte de beurre ; une forte somme d’argent ; une réprimande ; une fausse promesse, une tromperie. Attendre une beurrée, c'est attendre longtemps, très longtemps. 

Le verbe beurrer signifie recouvrir d'une couche de beurre ; enduire de beurre ; faire tremper dans du beurre. Beurrer une peinture, c'est lui donner de l'épaisseur, de la consistance. Se beurrer, c'est s'enivrer ; s'enrichir. 

Au Québec, beurrer quelque chose : c'est tartiner, étaler une couche de beurre ou d’une autre substance alimentaire sur du pain, une pâtisserie, etc. ; salir, tacher ; couvrir d’une substance salissante ; en parlant du temps, se gâter, se couvrir. (En) beurrer épais, c'est en faire ou en dire plus qu’il ne faut, dépasser la mesure, exagérer. Beurrer quelqu'un, c'est le tromper, le duper, lui raconter des histoires, le leurrer par des propos flatteurs, de fausses promesses ; l'acheter, le soudoyer ; dénoncer son implication dans des affaires, des pratiques répréhensibles, le mettre en cause, injustement ou non, dans une accusation. (Se) beurrer, c'est enduire (son corps, une partie de son corps) d’une substance grasse ou huileuse destinée à protéger, à guérir. Se beurrer, c'est se maquiller exagérément ou maladroitement. Se débeurrer, c'est se laver, se nettoyer. 

Une beurrerie est un lieu de fabrication et de conservation du beurre. La beurrerie est l'industrie du beurre.

Au Québec, on a lu beurreux pour flatteur, trompeur.

L'adjectif beurrier, beurrière, qualifie ce qui concerne le beurre. En argot, les productions d'un auteur, d'un écrivain beurrier se vendent à la livre et non pas au nombre de livres. Une beurrière, un beurrier sont une crémière, un crémier qui font ou vendent du beurre ; ce nom a aussi désigné une banquière ou un banquier. Un beurrier est un récipient utilisé pour conserver le beurre ou pour le servir sur table. Une beurrière est un vase pour conserver le beurre ; une sorte de toile utilisée pour envelopper le beurre ; un beurrier [Belgique]. 

Une embeurrée est un chou, un légume cuisiné avec du beurre.

L'arbre (un) karité est aussi appelé un arbre à beurre.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Champ lexical d'abréger

Des locutions latines

Les mots avec aa